Damon Edge, Thomas Wisse de son vrai nom, est né en Angleterre en 1949. Abandonné par sa mère peu après la naissance, il est recueillit par deux riches américains qui l’élèvent à Los Angeles. Ses parents adoptifs prennent soin de lui mais ne donnent pas dans l’affectif - Egde gardera un souvenir glacial de son enfance.
Son adolescence sonnée sonne le début de son engouement pour le son. « A 15 ans, je louais des magnétophones pour enregistrer les bruits de la rue ». Il étudie au California Institute of the Arts de Los Angeles et en ressort persuadé de l’intérêt qu’il y a à récupérer les choses pour les transformer, et de l’importance du hasard dans la création artistique.
Edge parcourt ensuite l’Europe et l’Afrique du Nord avec un ami. Une nuit, alors qu’ils sont au Maroc, il est frappé par l’atmosphère, l’atonalité et la richesse rythmique de la musique Arabe. « Ces morceaux venaient à moi. Je pouvais les entendre dans ma tète. C’est à ce moment la que j’ai conçu l’idée de faire de la musique ». De retour aux Etats Unis, il travaille sur des bandes originales de films séries B avec d’autres étudiants du Cal. Arts et commence à s’intéresser de près à la musique ‘pas tout a fait droite’.
En 1975, il quitte Los Angeles pour s’installer à San Fransisco. La ville est alors le pole d’attraction des modes de vie alternatifs. Pour Edge, c’est le dernier lieu de résistance sur le sol américain. « Les gens qui se sentent à leur place nulle part ailleurs viennent ici ». Downtown, d’anciennes usines servent de lofts à toute une population bohème. On peut y vivre pour trois fois rien, et se dispenser d’un boulot à plein temps.
Damon Edge forme la première mouture de Chrome (en référence au support de certains de ses travaux au Cal Arts) l’année suivante, avec le guitariste Gary Spain et Mike Low au chant pour enregistrer son premier album, ‘The Visitation’. « Je ne voulais pas avoir mon propre label » ; mais devant l’indifférence des maisons de disque, il n’a pas vraiment le choix. Il demande de l’argent à ses parents, fait presser les vinyles et bricole lui-même les pochettes.
Lorsque sort ‘The Visitation’ en février 1977, le disco est à la mode. Les salles de concert se transforment les unes après les autres en boites de nuit. La scène rock de San Fransisco est moribonde ; à l’image de ses hippies en bout de course, elle attend un nouveau souffle… qui ne viendra pas de Damon Edge et de sa bande. Avec sa musique trippée à la Santana, ‘The Visitation’ accuse neufs bonnes années de retard. Et Edge refuse de faire des concerts, alors qu’il n’a aucun moyen d’assurer la promotion de son album. Le disque ne se vend qu’à quelques exemplaires. Garry Spain, dégouté, quitte le groupe. Il est remplacé à la volée par celui qui sera l’alter ego de Damon Egde sept années durant, Helios Creed.
Creed est originaire d’Hawaï. C’est un guitariste né, mordu d’Hendrix et de LSD. Il est plus porté sur la musique que sur les études. Aussi lorsque ses parents déménagent en Californie au début des années soixante dix, il abandonne l’école et se met en tête de former un groupe. Lui non plus n’est pas convaincu par ‘The Visitation’. Un jour, il se pointe chez Edge et tombe sur ‘Nevermind The Bollocks’ des Sex Pistols. Il se souvient : « Je ne savais pas quoi penser, mais une chose était sure, c’est que plus on l’écoutait, plus on prenait de retard par rapport à cet album ».
à suivre
Titre inédit enregistré peu aprés Red Exposure