dimanche 23 janvier 2011

Chrome (deuxième partie)

California Über Alles

Damon Edge, Thomas Wisse de son vrai nom, est né en Angleterre en 1949. Abandonné par sa mère peu après la naissance, il est recueillit par deux riches américains qui l’élèvent à Los Angeles. Ses parents adoptifs prennent soin de lui mais ne donnent pas dans l’affectif - Egde gardera un souvenir glacial de son enfance.

Son adolescence sonnée sonne le début de son engouement pour le son. « A 15 ans, je louais des magnétophones pour enregistrer les bruits de la rue ». Il étudie au California Institute of the Arts de Los Angeles et en ressort persuadé de l’intérêt qu’il y a à récupérer les choses pour les transformer, et de l’importance du hasard dans la création artistique.

Edge parcourt ensuite l’Europe et l’Afrique du Nord avec un ami. Une nuit, alors qu’ils sont au Maroc, il est frappé par l’atmosphère, l’atonalité et la richesse rythmique de la musique Arabe. « Ces morceaux venaient à moi. Je pouvais les entendre dans ma tète. C’est à ce moment la que j’ai conçu l’idée de faire de la musique ». De retour aux Etats Unis, il travaille sur des bandes originales de films séries B avec d’autres étudiants du Cal. Arts et commence à s’intéresser de près à la musique ‘pas tout a fait droite’.

En 1975, il quitte Los Angeles pour s’installer à San Fransisco. La ville est alors le pole d’attraction des modes de vie alternatifs. Pour Edge, c’est le dernier lieu de résistance sur le sol américain. « Les gens qui se sentent à leur place nulle part ailleurs viennent ici ». Downtown, d’anciennes usines servent de lofts à toute une population bohème. On peut y vivre pour trois fois rien, et se dispenser d’un boulot à plein temps.

Damon Edge forme la première mouture de Chrome (en référence au support de certains de ses travaux au Cal Arts) l’année suivante, avec le guitariste Gary Spain et Mike Low au chant pour enregistrer son premier album, ‘The Visitation’. « Je ne voulais pas avoir mon propre label » ; mais devant l’indifférence des maisons de disque, il n’a pas vraiment le choix. Il demande de l’argent à ses parents, fait presser les vinyles et bricole lui-même les pochettes.

Lorsque sort ‘The Visitation’ en février 1977, le disco est à la mode. Les salles de concert se transforment les unes après les autres en boites de nuit. La scène rock de San Fransisco est moribonde ; à l’image de ses hippies en bout de course, elle attend un nouveau souffle… qui ne viendra pas de Damon Edge et de sa bande. Avec sa musique trippée à la Santana, ‘The Visitation’ accuse neufs bonnes années de retard. Et Edge refuse de faire des concerts, alors qu’il n’a aucun moyen d’assurer la promotion de son album. Le disque ne se vend qu’à quelques exemplaires. Garry Spain, dégouté, quitte le groupe. Il est remplacé à la volée par celui qui sera l’alter ego de Damon Egde sept années durant, Helios Creed.

Creed est originaire d’Hawaï. C’est un guitariste né, mordu d’Hendrix et de LSD. Il est plus porté sur la musique que sur les études. Aussi lorsque ses parents déménagent en Californie au début des années soixante dix, il abandonne l’école et se met en tête de former un groupe. Lui non plus n’est pas convaincu par ‘The Visitation’. Un jour, il se pointe chez Edge et tombe sur ‘Nevermind The Bollocks’ des Sex Pistols. Il se souvient : « Je ne savais pas quoi penser, mais une chose était sure, c’est que plus on l’écoutait, plus on prenait de retard par rapport à cet album ».

à suivre


Titre inédit enregistré peu aprés Red Exposure

samedi 15 janvier 2011

Dream Baby Dream



Un budget digne d'un blockbuster, des semaines de tournage, une chorégraphie exigeante ; ce DBD Bollywood orchestré par webcam depuis Paris par l'abi Pédro mouchera tous les enrhubés de l'industrie du disque.

Album à paraitre bientôt

dimanche 9 janvier 2011

Chrome (premiere partie)

Isolation

« Dans le monde occidental, il y a ces zones de loisirs et de spectacles. Nous sommes en dehors de tout ca […]. Nous nous sentons comme des hors la loi à l’extérieur. Il y a eux et nous. Nous sommes en dehors de tout ».

Nous sommes sur une colline désolée de la périphérie d’Oakland. Le journaliste Michael Goldberg est assis dans le salon de Damon Edge, « un grand type en blouse blanche, à la voix ténébreuse » rencontré la veille avec son acolyte Helios Creed au studio Mobius à San Francisco. Il a écouté les bandes ‘déconcertantes’ que Chrome vient de d’enregistrer. Il s’étonne. Comment se fait il qu’Edge n’ait jamais donné la moindre interview, alors que son groupe termine son quatrième album ?

Le chanteur se lance dans des grandes phrases… avant d’admettre simplement: « Nous voulons communiquer. Nous ne sommes pas une bande de hippies largués faisant des enregistrements juste pour nous-mêmes ».

Goldberg est sans doute le premier ‘de l’extérieur’ à avoir écouté l’album ‘Red Exposure’. Dans son article, qui parait dans le NME du 17 novembre 1979, il décrit l’expérience de façon plutôt imagée: « Les morceaux de Chrome s’échappent des enceintes comme des bulles émergeant du fond d’une piscine de déchets radioactifs ». Et de conclure: « Les Chrome sont tellement underground que ceux qui en ont entendu parler doutent sérieusement de leur existence. Ils n’ont jamais donné de concert devant un public. Ils n’avaient jamais été interviewés ou photographiés. Leurs disques sortent au compte goute sur leur propre label, le mystérieux Siren. A part quelques fans dévoués, peu de gens ont entendus parler d’eux ; encore moins les ont entendus ».

Quelques mois plus tard Chrome sort de l’ombre. ‘Red Exposure’, via le label anglais Beggars Banquet, est distribué en Amérique du Nord, en Europe et au Japon par WEA Records (Warner). Joli pied de nez pour un groupe dont la musique avant-gardiste n’avait jusque là suscité que le mépris et les sarcasmes des labels américains : ‘Ces mecs sont complètement tarés’ ; on les avait traité de ‘Charles Manson de la musique’, au mieux, ‘de mauvais Doors’, pour rependre l’expression même de la Warner deux ans plus tôt.

Pour l’heure, en ce printemps 1980, alors que sortent ‘Seventeen Seconds’ de Cure et ‘Closer’ de Joy Division, Chrome avec ‘Red Exposure’ est prêt à irradier une par une les zones de loisirs du monde occidental…

à suivre

Compilation 'Subterranean Modern' (1979)